Traverser la peur.
Une induction hypnotique pour vous préparer à la mastéctomie.
Par Julie Vander Poorten.
Comme il est bon d’être en vie. Comme il est bon de sentir au plus profond de tes cellules que chaque forme de vie est interconnectée. Il n’y a ni point de départ ni d’arrivée, tout est en lien, toujours. Chaque forme terrestre possède sa propre âme, sa force de vie et le bien-être de toute forme de vie dépend de son harmonie avec son environnement.
Tu as connu la disharmonie, le déséquilibre dans ton être vivant, dans tes cellules, ce qui a provoqué un affaiblissement, une maladie.
Tu fais l’expérience de la maladie, une expérience humaine. Tu n’es pas en guerre, ce n’est pas un combat entre le bien et le mal. Ce n’est pas une histoire de bonnes cellules qui tuent de mauvaises cellules. Tu es une partie intégrante de la nature et une part de toi a été blessée, une part qu’il faut maintenant soigner, réparer.
Plus tu te détends, plus tout cela te paraîtra anodin. Cette vérité, tu la comprends et la gardes à l’esprit. Garde ton attitude centrée, qui aide ton corps à se guérir lui-même.
Aujourd’hui, grâce à cette expérience, ton âme s’exprime. Laisse-la s’exprimer. Accueille tout cela favorablement.
Cette opération aujourd’hui est comme un balai qui emporte au loin les attitudes et actes négatifs que tu as accumulés.
Choisis d’ouvrir ton cœur au message que cette expérience t’apporte. Tu te connectes au maillage parfait, dense et solide constitué de toutes les formes du vivant dont tu fais partie. Cette conscience du maillage ouvre une nouvelle relation avec toi-même, les autres et le monde qui t’entoure. Tu peux y puiser toute l’aide et le savoir dont tu as besoin.
Tu peux enfin déposer ton corps détendu dans un lieu accueillant, doux et sécurisant – cela peut être le cœur d’une fleur, ou le creux d’une anémone de mer si tu es confortable avec l’océan qui t’accueille avec amour. Tu peux sentir l’eau chaude de la mer, parfaitement accordée à la température de ton corps, te bercer.
Grâce à ses branchies, tu sens respirer l’anémone, qui ramène l’oxygène du milieu ambiant vers son organisme. Tu te laisses bercer par sa respiration et tu finis par respirer avec elle, simplement à travers toutes les parties de ton corps en contact avec l’anémone.
Tu peux à présent regarder la peur et trouver en elle la clé de ta guérison.
Tu ne t’accroches pas à la peur, tu laisses la lumière du message de la maladie t’inviter à rêver de nouveau, à écouter les vibrations de tes organes et de ton corps pour dénouer tes souffrances, tes deuils, tes blocages.
Accueille-la comme tu l’as toujours accueillie, comme l’anémone (ou une fleur). L’anémone t’accueille dans sa chaleur et sa respiration. Respire dedans, laisse-la monter en toi. Ouvre-toi à elle. Respire dans ton cœur et nourris cette part de toi qui sait comment tu as besoin d’être soignée.
Éveille en toi de nouvelles histoires qui, en déliant tes souffrances intérieures, pourront transformer ta vie.
Tu n’as plus peur. Tu sais que tu ne vas pas mourir. Tu n’as pas peur, parce que la peur ne peut pas te nuire.
Tu respires à présent, confortablement, étendue, détendue dans l’anémone. Tu es en sécurité.
Tu embrasses la peur et la laisses circuler jusqu’aux extrémités de ton corps. Réjouis-toi des progrès que tu fais ici et maintenant, de la facilité avec laquelle tu peux transformer ta peur en un liquide chaud qui s’infiltre dans toutes les parties de ton être. Encourage-la à répandre douceur et bienveillance.
Si, maintenant, peut-être, la peur laisse place à la tristesse, laisse-toi fondre dans sa nature ouverte. Laisse ta respiration se détendre. Ne la repousse pas. Laisse-la venir comme une brise, accueille-la avec empressement. Laisse-la venir comme un courant marin chaud. Ressens-la telle qu’elle est, sans la juger ni t’y attacher.
Goûte sa saveur. Abandonne-toi en elle comme l’espace dans l’espace. Tu ne fais plus qu’un avec elle.
Ça y est, tu viens de passer au-delà. Tu es en présence de sa véritable nature.
Il est maintenant devenu si facile de respirer dedans. Elle se transforme en un sentiment paisible.
Détends-toi dans cette paix aussi longtemps que tu le désires.
Tu peux la remercier de t’avoir traversée, de t’avoir montré ce qu’il n’est plus nécessaire d’activer dans ton existence.
Aujourd’hui, tu sais que tu ne dois plus avoir peur de recevoir.
Aujourd’hui, tu sais que tu peux lâcher prise, tout comme ce corps qui s’abandonne dans le creux de l’anémone, dans sa chaleur.
Aujourd’hui, tu peux voir dans le noir, avec ton œil éveillé et avec ton cœur.
Aujourd’hui, on te retire enfin ce dont tu n’as plus besoin.
Ton corps et l’esprit de la maladie te font ce cadeau exceptionnel de rassembler en ton sein ce dont tu n’as plus besoin.
Laisse l’intérieur de ton sein se rassembler et se retirer tel un petit poulpe intelligent. Ses tentacules innervées savent parfaitement ce qu’elles ont à faire.
Chaque appendice va se décoller et effectuer les mouvements nécessaires à la bonne procédure de détachement.
Ton cerveau envoie les commandes orientées vers le but, mais tu laisses les détails de l’exécution du mouvement à chacune des tentacules.
L’extraction sera efficace, de la tête du poulpe au revêtement qui l’entoure.
Le sang tout autour va aussi se retirer le temps de l’intervention.
Il sait ce qu’il a à faire. Il sait comment naviguer. Il connaît le chemin et la marche à suivre pour cette intervention.
Ton corps te soutient et veut ce qu’il y a de mieux pour toi.
Tout comme ton inconscient sait ce qu’il y a de mieux pour toi.
Tout ce qui restera en place – ganglions lymphatiques, nerfs, muscles du thorax – se prépare à recevoir cette merveilleuse reconstruction, cette autre part de toi saine en son sein, nourrie de merveilleuses cellules souches frétillantes de joie et pleines de vie.
Les nerfs pourront s’étirer, la matière se vasculariser dans ce nouvel espace vierge et prendre vie.
Tu pourras y puiser de la force, une force nouvelle.
Prépare-toi à accueillir tous les possibles.
Ton esprit est la plus grande source de soutien et de force dont tu disposes.
Continue, comme tu le fais depuis des mois, à faire appel à ton pouvoir de guérison qui se trouve en toi, en lien avec ce maillage parfait, dense et solide constitué de toutes les formes du vivant dont tu fais partie.
Reste en joie dans ce lien.
Fais confiance en cette médecine, cet art de la guérison, et en ces mains agiles et aimantes qui t’opèrent aujourd’hui.
